« EN MAI,NOUS AVONS AIMÉ… »
La nature a créé une multitude de plantes, d’arbres et de fleurs. Parmi elles s’épanouissent et éclosent chaque printemps des fleurs ou des plantes à inflorescence. On nomme ainsi la tige d’une plante qui comporte plusieurs fleurs.
À l’image de cette subtile architecture botanique, Raluca Antonescu a bâti son roman Inflorescence à travers les figures féminines d’une même famille sur plusieurs générations.
Trois époques, quatre histoires de femmes avec en filigrane, la nature, les arbres, les plantes.
En 1923 dans le Jura, Aloïse, petite fille rejetée par son père, se réfugie dans la forêt. En 1967, une femme s’installe dans un lotissement de la banlieue parisienne et donne libre cours à sa phobie des plantes.
En 2007, en Patagonie, une femme reboise des collines dévastées par des incendies pendant qu’à Genève une autre se remet du décès de sa mère.
Quatre femmes qui entretiennent avec la nature soit un rapport passionnel soit un rejet, mais qui toutes sont obligées de s’y confronter. La nature comme miroir de leurs angoisses ou de leurs quêtes d’elles-mêmes.
Un magnifique roman à l’écriture charnelle et sensorielle où la nature offre une voie vers une reconstruction intérieure.
De nature, il est aussi question dans Puissions-nous vivre longtemps de la romancière Imbolo Mbue, mais d’une nature bafouée par la cupidité de certains hommes.
La compagnie pétrolière américaine Pexton s’installe dans un village imaginaire d’Afrique de l’Ouest. Pour les habitants, c’est la fin d’une vie paisible.
Dans toute la vallée, les torchères empuantissent l’air, les machines de forage font un bruit infernal, les fuites des pipelines polluent sol et rivières, les enfants tombent malades et meurent.
Menés par la jeune Thula, les habitants organisent la rébellion, refusant la destruction de leur environnement et condamnant la corruption des élites locales.
L’écrivaine camerounaise nous livre un beau roman de résistance, d’espoir et de résilience construit comme un thriller.
Pour reconstruire sa vie, la mère de Yoel Blum, un grand écrivain israélien, a fait preuve d’une résilience incroyable. Yoel Blum doit se rendre à Amsterdam pour la promotion de son dernier roman. Il avait pourtant promis à sa mère de ne jamais revenir dans leur pays d’origine.
Visitant le Musée historique juif, il s’arrête devant un film d’archives où apparaît sa mère avec un bébé dans les bras qu’il ne reconnaît pas. Qui est cet enfant ?
Rassemblant des documents, interrogeant les survivants, déambulant dans les rues d’Amsterdam, il part à la découverte de son histoire familiale.
Avec Une maison sur l’eau, l’écrivaine israélienne Emuna Elon nous plonge dans le passé sombre d’Amsterdam durant la 2nde guerre mondiale. Un livre poignant sur l’identité et les origines qui relate le destin tragique des juifs hollandais.
Ne vous fiez pas au titre de ce livre qui, à première vue, peut rebuter. Car Vivre avec nos morts de Delphine Horvilleur est une pure merveille d’érudition, d’intelligence et d’humanité. Rabbin, Delphine Horvilleur accompagne les morts et tente de consoler les vivants.
Dans ce livre éblouissant, elle dit le pouvoir des mots, fait l’éloge du verbe, raconte la puissance du langage. À travers onze histoires de personnalités ou d’anonymes, y compris la sienne cette conteuse hors pair, explique comment elle accueille les demandes de Kaddish, comment elle recourt aux textes bibliques et « retricote » ainsi l’histoire du défunt.
Les récits sacrés ouvrent un passage entre les morts et les vivants. « Le rôle du conteur, dit-elle, est de se tenir à la porte pour s’assurer qu’elle reste ouverte ». Elle évoque l’histoire, la mythologie, les traditions, les rites d’accompagnement et de transmission.
Véritable ode à la vie, ce livre est tout sauf triste, c’est un enchantement où l’humour est omniprésent. Au-delà de toute croyance, chacun de nous est concerné car ce récit réconcilie la vie et la mort.